RQRF Hors-Série 10 : The Green Knight (2021)

Adaptation du classique Sir Gawain and the Green Knight, discuté dans le dernier épisode (RQRF 37), The Green Knight (2021) de David Lowery, avec Dev Patel dans le rôle de Gauvain, adapte habilement l’essentiel du roman. Dans cet épisode hors-série, Antoine et Lays récapitulent le film et ses choix.

RQRF Hors-Série 10 : The Green Knight (2021)

Si vous connaissez le roman, certaines modifications vous maintiendront sur vos gardes en vous faisant vous demander où va l’histoire, sans pour autant attirer l’attention du public qui n’est pas familier avec, renouvelant un peu l’intrigue.

Quelques références bien placées titilleront les férus d’arthuriana et autres médiévistes, les décors nous montrent d’ailleurs les extrémités du Moyen Âge passant de châteaux très archaïques à la cour d’Arthur aux fioritures du XVème siècle, quand on semble pénétrer un royaume un peu féérique.

Les romans français sur Gauvain le montrent généralement en proie à deux problèmes : premièrement, devoir être courtois dans une situation où c’est difficile, comme dans Sir Gawain and the Green Knight, et ensuite confronter sa réputation, qui le précède, thème qui là est davantage souligné dans le film avec un Gauvain inexpérimenté, pas encore chevalier, et empressé de faire ses preuves. Là où il est rajeuni, Arthur est par contre vieilli, le ton change un peu.

Les théories sur le Chevalier Vert, sur sa nature et ce qu’il représente — la Nature, justement — sont astucieusement mêlées au film et soutiennent ainsi les thèmes de l’histoire, l’échange de baisers et de proies, le Chevalier Vert qui rend le coup de hache qu’il a reçu, font ainsi écho au grand Do ut des (« donne et je te donne », « donnant-donnant ») qui règle nos relations avec la Nature : on frappe et elle nous frappe, on prend et elle nous prend. « Est-ce donc tout ce qu’il y a ? » demande le héros.

Un beau film, contemplatif et garni de belles images — mais qui sacrifie un peu la cinéma en tant que tel à la photographie, comme on le remarque souvent aujourd’hui ? — qui adapte astucieusement un classique — mais avec parfois un peu trop d’astuce pour son propre bien ?.. À chacun d’en juger.

RQRF 37 : Sir Gawain and the Green Knight

Classique indétrônable de la littérature anglaise, Sir Gawain and the Green Knight a été le fruit d’innombrables éditions, traductions, et commentaires, qui n’épuisent pas le charme de cette œuvre singulière, certainement le roman arthurien qui se distingue le plus dans la tradition anglaise. Un mystérieux chevalier, complètement vert, vient défier la cour d’Arthur à Noël avec un petit jeu : qui sera assez courageux pour lui porter un coup avec sa hache, à condition qu’un an après, il le lui rende ? Gauvain s’y colle et décapite le joueur, espérant peut-être échapper à sa riposte, mais il ramasse sa tête et repart… L’année suivante se termine, et Gauvain part à sa recherche, mais très proche de sa chapelle verte, il s’arrête dans un château très (trop) accueillant, où la femme du seigneur lui fait des avances très insistantes tandis que son mari est à la chasse — et notre héros a accepté un marché étrange : à la fin de chaque journée, ils doivent échanger ce qu’ils y ont gagné…

Cette reprise du « jeu du décapité » déjà croisé dans la Première Continuation, la Mule sans frein, Hunbaut et le Perlesvaus, la verdeur mystérieuse du chevalier, souvent interprété ensuite comme un symbole ou un esprit de la Nature, les scènes de chasse d’une vivacité poétique forte, entrecoupées du malaise et de la tentation propres à la séduction, la fin fort peu triomphante de Gauvain : tout se conjugue pour créer une aventure intrigante et inoubliable, malgré sa simplicité.

RQRF 37 : Sir Gawain and the Green Knight.
Gauvain décapite le Chevalier Vert (fol. 94v) et la femme de Bertilak vient le convoiter dans son lit (fol. 125r) dans l’unique manuscrit : BL Cotton Nero A10.

Sommaire :

0:00:00 Introduction et actu : vidéo Ségurant, Pendragon Cycle.
0:24:33 Sir Gawain and the Green Knight 
0:26:50 Editions et traductions de SGGK disponibles
0:49:00 Présentation de SGGK 
0:51:25 Versions précédentes du "Jeu du décapité"
0:57:00 Résumé de Sir Gawain and the Green Knight
1:00:00 Partie I
1:15:35 Partie II
1:26:20 Partie III
1:43:30 Partie IV  
2:01:30 Conclusion

Notes :

Editions utilisées :

Ségurant, le Chevalier au Dragon : roman arthurien « retrouvé » ?

Vient de paraître l’édition et surtout la traduction du roman arthurien de Ségurant, chevalier au dragon, enfin retrouvé. Mais qu’est-ce que ça implique de « retrouver » un tel texte médiéval ? Rassembler des morceaux ? Comment ? Que savait-on de Ségurant auparavant ? Pourquoi ne l’avait-on pas édité ? Ho, ho, ho, quelques pistes pour répondre à toutes ces questions, et d’autres encore, dans cette petite aventure philologique qui vient de tomber sous le sapin. 🧙‍♂️🐉👑🎪

🧙‍♀️📚🧙‍♂️ SOMMAIRE 🧙‍♀️📚🧙‍♂️

0:00:00 Introduction : un roman perdu et retrouvé ?
0:10:35 Branche 1. La version cardinale et le manuscrit de l’Arsenal
0:22:34 Branche 2. Ségurant Reloaded : Les versions complémentaires et alternatives
0:39:14 Branche 3. Ségurant Revolutions. Les 28 manuscrits et les Ur-Prophéties
0:53:02 Qu'est-ce qu'on en savait avant ?
1:09:37 Branche 4. Espèce de petit malin, si c’est si facile que ça pourquoi est-ce que personne ne l’a édité avant ?
1:24:23 Branche 5. Le syndrome d’Indiana Jones
1:31:45 Branche 6. Quelques périls de la Forme-Documentaire
1:43:51 Conclusion : Le côté d’Arthur et le côté de Merlin
1:46:23 Debrief post-conclusion
1:53:34 Envol 

🧙‍♂️🐉🧙‍♀️ POUR ALLER PLUS LOIN 🧙‍♂️🐉🧙‍♀️

🐉 Texte de l’épisode, incluant sources, références, liens quand disponibles en ligne :

Addenda et Errata

  • 3’00 : l’édition de Guiron le Courtois du Groupe Guiron a publié des textes de raccord en 2022, mais il lui reste encore à publier la Continuation Meliadus et la Suite Guiron.
  • 29’00 : Oublié : Arioli pointe dans son étude que Delay et Roubaud se seraient appuyés sur l’index de l’ouvrage de l’étude de Lathuillère sur Guiron le Courtois mais ce n’est clairement pas le cas. On y trouve certes mention du dédoublement du père de Ségurant mais la numérotation des Hector n’est pas la même, et surtout ça ne mentionne pas l’aventure de la Tour aux Chevaliers de Cuivre, qui vient des Prophéties de Merlin… Le passage de Graal-Théâtre dérive donc clairement de l’index des romans arthuriens en prose, ou d’une entrée analogue.
  • 30’06 : L’apparition de Ségurant dans la Tavola Ritonda pourrait émaner d’un flottement dans la tradition manuscrite ? Il prendrait ainsi la place de Branor, qui joue parfois le rôle du Vieux Chevalier. (e.g. BnF) mais un passage qui mentionnait « Branor l’oncle de Ségurant le Brun » aurait été télescopé pour attribuer l’épisode à Ségurant ? Mais le livre de Garner et son compte-rendu par Loth mentionnent ainsi qu’il n’a rien de commun avec le Ségurant du Palamèdes [=Guiron le Courtois] et des Prophéties de Merlin, montrant qu’il est déjà connu comme un personnage présent dans ces deux traditions.
  • 34’28 : Lays dit que Ségurant sur la quintaine se retrouve dans la Queste 12599 mais, sauf erreur, le texte mentionne seulement qu’il a remporté le tournoi de Vincestre, et pas la quintaine. Parmi d’autres scènes du tournoi de Vincestre, on y mentionne par ailleurs le fait qu’il évite le combat avec Lancelot sur demande de la Dame du Lac, et qu’il a été désensorcelé lors de la scène du Siège Périlleux. En fait pour résumer les éléments de la version cardinale qu’on trouve déjà dans des textes qu’on peut plausiblement dater au XIIIe siècle on trouve :
    • La pierre précieuse du pavillon de Ségurant (discutée dans certaines des prophéties des Prophéties de Merlin)
    • Ségurant vainqueur du tournoi de Vincestre (Rusticien, BnF 12599)
    • Personne n’arrive à le renverser sur la quintaine (Rusticien)
    • Ségurant poursuit le dragon (Prophéties de Merlin, Rusticien, BnF 358, etc.)
    • Il l’a vu dévorer de nombreux chevaliers (Prophéties de Merlin)
    • Il est enchanté (Prophéties de Merlin, BnF 12599)
    • Il sera désensorcelé au début de la quête du Graal (Prophéties de Merlin, BnF 12599)
    • La Dame du Lac ne veut pas qu’il se batte avec Lancelot (Rusticien, BnF 12599)
    • Un jeune écuyer d’Irlande veut être adoubé par Ségurant → donnera le personnage de Golistan dans les Prophéties de Merlin.
    • L’enchantement de Méléagant, et d’une centaine de chevaliers par la demoiselle de Pommeglois et leur libération par Ségurant, cohérent entre version cardinale et Prophéties de Merlin.
  • … Ce qui veut dire qu’à la fin du XIIIe siècle il existait une « matière de Ségurant » qui inclut des éléments clés de la version cardinale, qui, pour Arioli, est le seul des textes qui nous reste qui peut prétendre être la source des autres. Bien sûr, ces liens sont toujours à double tranchant, il serait possible d’envisager que le compilateur du manuscrit de l’Arsenal ait trouvé tous ces éléments et décidé de les synthétiser et combler les trous… Mais il resterait la question d’où viennent ces épisodes en premier lieu (et donc une autre source perdue) surtout que si on nous raconte qu’un chevalier est le meilleur du monde, c’est généralement dans une œuvre qui lui est consacrée… En estimant que les Ur-Prophéties devaient contenir une partie des épisodes de la version cardinale, Damien de Carné (2022) rejoint Paton.
  • 41’12 : Le schéma est en fait mal étiqueté, la partie orange notée « version complémentaire romanesque » devrait en fait renvoyer aux épisodes romanesques contenus dans les Prophéties de Merlin en version longue (tournoi de Sorelois, guerre contre les Saxons etc.) qui incluent aussi les huit épisodes de la « version complémentaire romanesque. En un mot, le manuscrit de l’Arsenal a coupé tous ces épisodes et les a remplacés par la « version cardinale », les deux n’ont en commun que « l’intrigue prophétique » autour de Merlin et ses prophéties, et la version courte des PdM s’est encore plus recentrée sur les prophéties, tout en gardant cependant quelques épisodes romanesques, comme l’épisode II de la version cardinale, avec les prophéties faites à Galehaut le Brun.
  • À 46’10, Lays remarque que le matériel composant les « Ur-Prophéties » a déjà été presque intégralement décrit dans l’édition Paton (1926-1927) — Pour illustrer ça, voici deux documents où Lucy Allen Paton regroupe :
    • les épisodes propres au manuscrit de l’Arsenal 5229 (= version cardinale)
    • presque tous les épisodes des deux versions complémentaires (il manque 3 prophéties, trouvées ailleurs)
  • …cependant pas en ce qui concerne le Bodmer 116, qui a quelques épisodes finaux supplémentaires en plus du ms. de Rennes — Arioli dit vouloir éditer le « Livre de Tholomer », d’ailleurs. Arioli ajoute aussi trois prophéties de Merlin sur Ségurant qui n’étaient pas chez Paton, dans le ms. de Chantilly, l’édition de Vérard ou l’Historia di Merlino. (voir le PDF ci-dessus) Un autre apport de l’édition d’Arioli se trouve sur la chronologie plus fouillée, notamment sur quels éléments pourraient remonter au XIIIe siècle. En outre, le fait que Paton mentionne une hypothèse en passant ne signifie pas tant, il fallait bien que quelqu’un rouvre le dossier.
  • 48’03 : Dans son étude de 2016, Arioli disait « Bien que la cohérence et la cohésion ne  soient pas des critères irréfutables […], nous supposons que la “version cardinale” est un bloc monolithique » (2016:25) et dans les faits il la traite souvent ainsi, expliquant qu’un roman perdu de Ségurant pourrait y correspondre, puisque sa trame a été intégrée au chausse-pied dans les Prophéties de Merlin, et semble ne pas vouloir pousser la reconstruction plus loin, en supposant ce qui pourrait y manquer, ou ce qui aurait été rajouté par le compilateur des Prophéties de Merlin ou du manuscrit de l’Arsenal. Cependant, il lui arrive de supposer des épisodes supplémentaires ou perdus. On renvoie aux chevaliers enchantés par Sibylle, épisode dont on ne dispose pas mais qui fait penser à ceux qui ont été enchantés par la dame de Pommenglois, au service de Morgane, donc Arioli postule qu’il s’agit d’un véritable épisode perdu, qui était dans la version cardinale après son interruption dans le ms. de l’Arsenal. À l’inverse, l’épisode II consiste surtout en des prophéties annoncent et récapitulent les épisodes environnants, ce qui serait redondant, Arioli postule donc qu’il a dû être rédigé comme un raccord entre l’intrigue prophétique et la version cardinale (Étude 2019:50-51) et donc qu’il ne devrait peut-être pas être inclus avec, mais il l’y a maintenu car ça permet un texte plus suivi. Le manque de raccord entre le naufrage introductif et la suite de l’histoire pourrait d’ailleurs laisser penser à des théoriciens au scalpel facile qu’il existait en fait séparément, et ne faisait pas partie de la même source que les aventures suivantes.
  • 1h03’52 : Le manuscrit Bodmer 96-1/2 n’était pas consultable (Lathuillère 1966, Bogdanow 1967:328). C’est seulement en 1970 que Lathuillère fut autorisé à le consulter. Description dans « Le manuscrit de Guiron le Courtois de la Bibliothèque Martin Bodmer, à Genève », in Mélanges Jean Frappier (1970), II, p. 567-574. Il y mentionne “comment Seguran le brun fit quintaine” (p. 573, 96-2 fol. 273c) et le combat de Galehaut et Ségurant contre les géants. (p. 570, 96-1 fol. 54a) La description standard de Françoise Vielliard, Manuscrits Français du Moyen Âge, Cologny-Genève, 1975, pp. 61-66 mentionne aussi : “Titre [fol. 273c]: Comment Seguran le brun fu quintaine a tous les chevaliers du tournoiement qui fu des chevaliers errans [Rubr.] Texte. Début Çavoir vous fait li contes que quant messire Segurant [fol. 273c] : le brun, li chevaliers au dragon, ot veu que au tornoiement de Vincestre…” (p. 66)
  • 1h21’45 : D’ailleurs Carné parle d’éditer la version particulière BnF 750/12599 des aventures du Chevalier à la Cote Mal Taillée (2021).
  • 1h36 : Lays pense au documentaire de Kenny Scott, Secrets of the Dead, King Arthur’s Lost Kingdom (2019) traduit et diffusé sur Arte en janvier 2020.

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RQRF 36 : Les Morts d’Arthur allitérative et stanzaïque

Avec ces deux « Morts d’Arthur », la tradition anglaise adapte La Mort le Roi Artu (RQRF 17) à sa sauce, déjà en la séparant du Lancelot-Graal, mais aussi en réintégrant des éléments de la « tradition historique » de Geoffrey de Monmouth (RQRF 3) et ses continuateurs Wace et Layamon (RQRF 4).

La Morte Arthure stanzaïque (ou strophique) suit d’assez près la trame de son modèle français mais, privé des monologues intérieurs de la prose française, Lancelot se retrouve encore plus idéalisé comme le modèle courtois par excellence. Par contraste, le texte souligne la passivité d’Arthur, entraîné par les actions des autres, surtout Gauvain et son animosité contre Lancelot. Ses strophes rythment solennellement les batailles finales du royaume arthurien, avec quelques twists.

La Morte Arthure allitérative se démarque davantage. Cette forme de poésie qui repose sur l’allitération, la répétition de sons similaires (plutôt que la rime, par exemple) l’inscrit dans une ancienne tradition propre à la langue anglaise. L’histoire s’affranchit bien davantage de ses modèles antérieurs. Retour à Geoffrey, Wace et Layamon : les campagnes d’Arthur sur le continent, qui mènent à sa chute, n’ont plus de lien avec Lancelot, ce dernier étant un simple lieutenant, aucune relation avec Guenièvre en vue. Mais Arthur ne se satisfait pas d’avoir réglé son compte à Rome, il se déchaîne contre les habitants de la Toscane, projette de reconquérir la Terre Sainte, s’imagine presque en souverain du monde entier… quand la trahison de Mordred le ramène à la réalité, et en Grande-Bretagne.

Variations sur les thèmes connus de la chute du royaume arthurien, qui n’en finit plus de chuter, ils ont pourtant durablement marqué le verbe arthurien. Ce Lancelot très-courtois, cet Arthur particulièrement orgueilleux seront notamment repris par Thomas Malory : la Mort allitérative inspire directement ses campagnes continentales au début du règne d’Arthur, et la Mort stanzaïque la conclusion de sa grande fresque. Avec « l’anglicisation » contemporaine de l’Arthuriana, cela peut expliquer que leur sens de la formule, l’extériorité dramatique des déclamations de leurs chevaliers, soient devenus pour nous le langage de la légende arthurienne, peut-être plus encore que les vers fleuris de Chrétien de Troyes…

RQRF 36 : Les Morts d’Arthur anglaises, allitérative et stanzaïque.
Roue de la fortune illustrant La Mort le Roi Artu (version du Lancelot-Graal cette fois), Ms. British Library Add. 102 92-4, fol 89.

Sommaire :

0:00:00 Introduction
0:15:15 Editions des textes utilisées
0:26:50 La Mort d'Arthur Stanzaïque (ou Strophique)
1:17:30 La Mort d'Arthur Allitérative

Notes :

0:39:45 Sur le procès de Guenièvre, dans la Mort Artu on lui aurait coupé la tête plutôt que la brûler. Mais la Morte Arthure stanzaïque rajoute effectivement la torture des coupables.
0:40:45 Hector des Mares est effectivement engendré par Ban au château des Mares, grâce à un enchantement de Merlin, dans la Suite-Vulgate. (RQRF 18, cf. Sommer II.405 pour le texte)

Editions utilisées :

RQRF 35 : Introduction à la tradition arthurienne anglaise

Entorse à la chronologie ! Il reste beaucoup d’œuvres françaises à passer en revue, mais les plus importantes sont longues, tortueuses, et souvent pas traduites… Antoine et Lays vont donc bientôt aborder les romans anglais, qu’on trouve dans les siècles suivant le foisonnement du treizième siècle français auquel nous sommes habitués. Après une petite actualité (un peu enrhumée, c’est d’actualité), ils présentent quelques chroniques anglaises, notamment le Prose Brut, ou les Metrical Chronicles, qui reprennent la tradition “historique” de Geoffrey de Monmouth (RQRF 3) ou du Brut de Layamon (RQRF 4), avant ça la seule œuvre anglaise majeure que nous avions examinée. De même quelques adaptations et traductions sont abordées. Pas de grand roman, de grandes aventures résumées point par point dans cet épisode, mais plutôt un passage en revue du contexte anglais dans lequel arrivent les Morts d’Arthur et les romans centrés sur Gauvain, que nous allons examiner en cette fin d’année.

RQRF 35 : Introduction à la tradition anglaise (chroniques etc.)
Illustration : Prose Brut Chronicle of England, England, 2nd or 3rd quarter of the 15th century, Harley MS 1568, f. 1.

Sommaire

0:03:46 Actualité : adaptation de The Winter King
0:10:20 Design par comité vs. vision côté arthurien moderne 
0:20:10 Actualité : Les RQRF Awards
0:35:40 Introduction à la tradition arthurienne anglaise 

Notes :

RQRF 34 : Le Roman de Silence

(Enregistré en 2022). Dans un royaume où les filles ne peuvent plus hériter, un couple décide d’élever leur fille comme un garçon. Leur enfant, Silence (nommé car il doit garder le silence sur son secret) deviendra un chevalier exemplaire de Cornouailles, mais l’époque est post-arthurienne, la cour d’Arthur ne se rappelant vraiment à nous que quand Silence doit capturer Merlin, suivant un scénario déjà trouvé dans la Suite-Vulgate (RQRF 18)…  Préservé dans un seul manuscrit, qui contient aussi la Vengeance Raguidel (RQRF 26), le Roman de Silence part de cette situation pour tisser une réflexion plus large sur la part de la Nature et de l’Education dans la formation du caractère, qui a évidemment suscité l’intérêt des gender studies.

RQRF 34 : Le Roman de Silence
Image : WLC.LM.6, Roman de Silence, f. 203r. (Source)

Traductions utilisées :

  • En français : trad. Florence Bouchet in Romans d’Amour et de Chevalerie, coll. Bouquins, pp. 459-557.
  • En anglais : trad. Sarah Roche-Mahdi, Silence: a thirteenth-century French romance (1992)

Liens

Sur le motif de la fille-soldat, discuté en introduction, d’après Catherine Velay-Vallantin, L’histoire des contes (1992) et . La Fille en Garçon (1992) :

Livres arthuriens « récemment » parus :

Les Origines de Satan 2 : L’Ange Déchu

Complexe personnage que celui du Diable, de Satan, du Démon… Pour démêler son histoire, après avoir examiné le Serpent, nous regardons une autre de ses facettes, en suivant l’histoire des Anges Déchus, telle que racontée par le Livre d’Hénoch…

🌩️👼↘️ SOMMAIRE 🌩️👼↘️
 0:00:00 INTRODUCTION
 0:01:17 [Générique: David TMX - Le Hippie Électrique]
 👼 LES ANGES
 0:02:08 Dans la bible hébraïque
 0:06:07 Isaïe et Ezéchiel
 0:10:40 Influence extérieure sur les anges ?
 👼 LES FILS DE DIEU ET LES FILLES DES HOMMES
 0:17:39 Genèse 6
 0:18:40 Les fils de Dieu
 0:20:26 Les Nephilim
 0:21:10 Les héros de jadis
 👼 LA TRADITION HÉNOCHIENNE 
 0:23:46 Genèse 5
 0:26:36 Le Livre d’Hénoch (I)
 0:30:47 Livre des Veilleurs (VI-XXXVI)
 0:42:43 Livre des Paraboles (XXXVII-LXXI)  – Merveilles et apocalypse
 0:44:48 Livre de l’Astronomie (LXXII-LXXXII), hors-sujet ?
 0:48:18 Livre des Songes (LXXXIII-XC)
 0:49:15 Epître d’Hénoch ou Parénèse (XCI-CVII)
 0:51:04 Postérité du livre d’Hénoch
 👼 CONCLUSION
 0:57:30 La Vie Grecque d’Adam et Ève
 1:01:58 Pour aller plus loin
 1:05:32 Fin

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📖 📖 📖 POUR ALLER PLUS LOIN : 📖 📖 📖
👼 Texte de l’épisode, avec notes et bibliographie (Google Docs)

👼 Cours de Thomas Römer sur la Bible, à voir/télécharger en audio/vidéo.
👼 Le podcast (en anglais) de Philip Harland.

🎼🎶🎶 MUSIQUE 🎼🎶🎶
🎼 Générique : « Le Hippie Electrique » par David TMX
🎼 Intertitres : Water Features – In Prelapsarian Times

Voir le début de la série, 1. Le Serpent :

Aryens et Sémites : Renan, Pictet, Müller (Le Mythe Indo-Européen #3)

Une fois découverte la famille indo-européenne, divers penseurs vont essayer de préciser le portrait des proto-Indo-Européens, aux origines de cette famille de langues. Nommant ces ancêtres « Indo-Européens », « Aryas » ou « Aryens », divers penseurs européens leur attribuent toutes les qualités possibles, et on les oppose de plus en plus aux « Sémites », particulièrement en ce qui concerne leur religion. Cette opposition prendra par la suite un tour mortel. C’est Pas Sourcé examine donc dans cet épisode comment cela se manifeste dans les travaux d’Ernest Renan, Friedrich Max Müller et Adolphe Pictet.

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🌳 SOMMAIRE : 🌳
0:00:00 Introduction
0:02:51 1. Aryens et Sémites
0:24:22 2. Ernest Renan
0:37:29 Romantisme, Poésie, Mythologies, Épopées…
1:08:42 3. La reconstruction des Proto-Indo-Européens (Pictet)
1:22:44 La religion des Proto-Indo-Européens (Max Müller)
1:46:25 Conclusion
2:05:12 Pour aller plus loin

Voir aussi les parties précédentes de la série :

0. Pas une introduction

1. De la Bible aux Indo-Européens (XVIe-XVIIIe)

2. L’Aryanisme “Romantique” (~1800-1870)

Pas une introduction (Le Mythe Indo-Européen #0)

Présentation de cette série de vidéo sur l’histoire des études indo-européennes et notre perspective, suite à plusieurs réponses reçues au fil des années, pour préciser ce que cette série est, et surtout ce qu’elle n’est pas.

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SOMMAIRE
 00:00 Introduction et 
 00:56 Générique
 01:13 1) Nier les apports de la linguistique ? 
 15:17 2) La génétique couronne les steppes ? 
 26:17 3) Indo-Européistes tous nazis ? 
 39:29 4) Que Sais-Je ?

Voir aussi la suite de la série

1. De la Bible aux Indo-Européens (XVIe-XVIIIe)

2. L’Aryanisme “Romantique” (~1800-1870)

3. Aryens et Sémites : Renan, Pictet, Müller

L’Aryanisme Romantique (Le Mythe Indo-Européen #2)

Après la découverte de la connexion entre langues européennes et indiennes, et la traduction de textes anciens de l’Inde en Europe, une certaine fascination pour l’Inde se développe en Allemagne et en France. Elle se conjugue aux débuts de la linguistique indo-européenne et aide à réécrire l’histoire ancienne de l’humanité, de la pensée et de la religion. Cet « aryanisme », ce discours sur Indiens, Aryens et Indo-Européens (qui se confondent facilement) à qui on attribue souvent une religion primordiale pure et la civilisation qui aurait engendré toutes les autres, prennent une place étonnante dans l’élaboration des systèmes philosophiques et religieux des idéalistes allemands et des romantiques allemands puis français — qui les aide donc à renouveler le christianisme, ou au contraire se détourner de la tradition biblique pour ces sagesses orientales.

Longuement attendue, la partie 2 du Mythe Indo-Européen explore donc cette première « génération » d’aryanisme, de Herder à Schelling et de Schlegel à Michelet.

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🌳 Texte de la vidéo, avec notes et liens vers les sources quand elles sont disponibles en ligne [Google Docs]

🌳🌳🌳 SOMMAIRE 🌳🌳🌳
0:00:00 Introduction
0:02:42 Générique
NOUVEAUX NOMS VIEILLES IDÉES
0:03:00 Aryens, Indo-Européens, Japhétiques…
0:12:07 Aryanisme Romantique vs. Naturaliste
0:16:00 Développement de la linguistique (Rask, Bopp)
0:19:10 La Bible, l'Inde et le Véda : Anciens modèles, nouveaux textes
0:27:30 Mouvement de traduction des textes indiens
0:31:14 L'INDOMANIA ROMANTIQUE EN ALLEMAGNE
0:32:39 Herder (1744-1803)
0:35:25 Idéalisme allemand (et autres chapelles)
0:44:25 Friedrich Schlegel (1772-1829)
0:57:30 Mythologues (Majer, Kanne, Görres, Creuzer, Schelling)
1:13:20 La fin de l’Indomania
 L'INDOMANIA ROMANTIQUE EN FRANCE
1:22:50 Spéculations Naturelles et Surnaturelles
1:28:40 Renaissance Orientale et Retour aux Sources
1:33:49 Défense du christianisme (Chateaubriand, Eckstein, Ozanam)
1:38:07 UNIVERSALISME RÉPUBLICAIN (Leroux, Quinet, Michelet)
1:39:20 Pierre Leroux (1797-1871)
1:41:07 Edgar Quinet (1803-1875)
1:45:20 Jules Michelet (1798-1874)
1:48:41 Monarchie de Juillet, histoire des religions et fonction de l'Indomania
1:52:37 Nuances : Benjamin Constant, Lamennais
1:53:48 CONCLUSION
1:57:34 POUR ALLER PLUS LOIN 

Voir aussi la partie 1 de la série : De la Bible aux Indo-Européens :