CPS : C’est Pas Soulsé (Dark Souls)

Quelques réflexions sur la série de jeux vidéos Dark Souls, avec un peu de contexte et de critique de certaines analyses mythologiques.

Partie 1 : analyse gnostique

Première partie d’une série de quatre vidéos sur Dark Souls et ses analyses mythologiques. Pour commencer on se prête nous-mêmes à l’exercice de l’analyse inspirée par la mythologie…

🔥💀🔥 TEXTE DE LA VIDÉO (Google Docs) 🔥💀🔥

16:06 J’avais pas assez bien vérifié et en fait y’a plein de vidéo sur “le sens gnostique de Dark Souls” (dont certaines dont on va presque parler dans la partie 4…)

🔥💀🔥 LIENS 🔥💀🔥
Vidéos citées
🔥 Alt236, Mythologics #7 sur Dark Souls
🔥 La vidéo de Jim Sterling (en anglais)

Andrew Rilstone http://www.andrewrilstone.com/

🔥💀🔥 SUR LE GNOSTICISME : 🔥💀🔥

🔥💀🔥 SUR LA LÈPRE : 🔥💀🔥

Partie 2 : Légende arthurienne, Tolkien, etc.

🔥💀🔥 TEXTE DE LA VIDÉO : (Google Docs) 🔥💀🔥

🔥💀🔥 VIDÉOS CITÉES 🔥💀🔥
🔥 Vidéo de Vaatividya sur Velka et les corbeaux dans Dark Souls

🔥💀🔥 SUR LA LÉGENDE ARTHURIENNE 🔥💀🔥

🔥💀🔥 SUR TOLKIEN 🔥💀🔥

🔥 La lettre 131 de Tolkien [PDF] et cet article dessus.

L’influence arthurienne sur Tolkien a été discutée par exemple par :

  • 🔥 Daniel Nozick, Verlyn Flieger, …
  • 🔥 Timuçin Buğra Edman, J.R.R. Tolkien on deconstructing Arthurian Legends: A Journey from the Arthurian Legends to J.R.R. Tolkien’s Middle-earth (2016)
  • 🔥 Sørina Higgins, The Inklings and King Arthur: J. R. R. Tolkien, Charles Williams, C. S. Lewis, and Owen Barfield on the Matter of Britain (2017)

Mais jamais de façon très éclairante je trouve. (Ou se limitant à The Fall of Arthur)

Partie 3 : Le Syndrome d’Evangelion

🔥💀🔥 TEXTE DE LA VIDÉO : (Google Docs) 🔥💀🔥

🔥💀🔥 LIENS 🔥💀🔥

🔥💀🔥 SUR EVANGELION 🔥💀🔥

🔥💀🔥 SUR TOLKIEN 🔥💀🔥

Partie 4 : Alchimie et Voyage du Héros

🔥💀🔥 TEXTE DE LA VIDÉO : (Google Docs) 🔥💀🔥

🔥💀🔥 VIDÉOS CITÉES 🔥💀🔥

Sur le voyage du héros et les théories de Joseph Campbell, une série de critiques courtes mais facilement applicables quand on commence à le lire reste cet article de Robert Segal.

🔥💀🔥 SUR LES MONUMENTS ALCHIMISÉS 🔥💀🔥

RQRF Hors-Série 8 : Kaamelott (Livres V et VI)

Fin novembre 2020 devait voir arriver dans les salles obscures Kaamelott, premier volet… Et l’histoire se répétant, le début de la conclusion cinématographique de la saga télévisée d’Alexandre Astier s’est vu à nouveau repoussée, cette fois à une date encore inconnue au cours de l’année 2021. En attendant, Lays et Antoine, après avoir abordé avec Justine Breton et Florian Besson les quatre premières saisons de Kaamelott cet été, s’attaquent cette fois aux saisons finales de la série.

RQRF HS 8 : Kaamelott, livres V et VI (janvier 2021)

Les livres V et VI, qui se caractérisent par un nombre plus restreint d’épisodes plus long, ont marqué un tournant franc pour Kaamelott, développant d’une part les thématiques plus sombres déjà introduites dans les livres III et IV, tout en explorant en profondeur le passé et l’intériorité de ses personnages. Le livre V marque un nadir pour la la Table Ronde, qui se voit écartelée par l’émergence de clans autonomes, et surtout par la mise en retrait progressif d’Arthur, qui renonce d’abord à Excalibur, puis au trône, avant de s’en aller dans une quête vaine de sa descendance, qui s’achève pour lui dans le désespoir. Le livre VI, dans cette même lignée, n’offre pas de futur à Kaamelott, mais revient aux origines, de la jeunesse d’Arthur à Rome à son arrivée en Bretagne et à la fondation de Kaamelott, explorant à la fois les raisons de son échec, mais aussi les qualités qui ont fait de lui un chef. Kaamelott se conclut sur un Arthur à son plus faible, alors que Lancelot et ses hommes ont pris le pouvoir en Bretagne et brûlent la Table Ronde…

Musique :

Patricia Taxxon – Nothing Is Lost

Le dieu Mitra et ses origines Indo-Iraniennes (Les Mystères de Mithra #1)

Épisode 1 de la série : Les Mystères de Mithra, suite à venir…

Jusqu’au IVe siècle, et à la christianisation de l’Empire romain, le dieu Mithra fut au cœur d’un énigmatique culte à mystères romain mais son histoire commence bien avant… On se plonge ici dans ses racines indo-iraniennes, avec le Mitra des védas indiens ou le Mithra de l’Avesta zoroastrienne.

📖 📖 📖 SOMMAIRE 📖 📖 📖
00:00 Introduction
01:30 Générique et carte-titre
02:20 Sur les Indo-Iraniens
06:20 Mitra dans le Mitanni (Anatolie)
🌿 LE MITRA VÉDIQUE (INDE)
09:16 Mitra dans le Rig-Veda
15:00 Mitra vs. Varuna dans des textes plus tardifs
16:53 Le mythe du sacrifice de Soma
🌿 LE MITHRA AVESTIQUE (PERSE)
19:37 L'Avesta et le problème historique du Zoroastrisme
25:47 Le Mihr Yašt, hymne avestique à Mithra
32:30 Autre mythe de “sacrifice” dans la Bundahišn
🌿 CONCLUSION
36:40 Conclusion et ouverture
38:08 Pour aller plus loin et écran final

📖 📖 📖 LIENS 📖 📖 📖
🌿 Lien vers le script de la vidéo, avec notes et références :

🌿 Extrait de vidéo utilisée : Cogito « What Is Zoroastrianism? » (28 mars 2020)

📖 📖 📖 D’AUTRES DE NOS VIDÉOS LIÉES 📖 📖 📖
🌿 Sur les débuts des théories sur les Indo-Européens : Le Mythe Indo-Européen #1 et #2

🌿 Sur le dieu germanique Odin, en deux parties :

🌿 Une vidéo sur la comparaison en histoire des religions (où on mentionnait la différence entre diffusion, convergence et parallélisme) :

🌿 Notre autre série, sur les Origines de Satan :

🎼🎶🎶 MUSIQUE 🎼🎶🎶
🎼 Générique : « Le Hippie Electrique » par David TMX
🎼 Intertitres : « Euphrates » par Patricia Taxxon.
🎶 Sa chaîne Youtube.
🎶 Sa page Bandcamp.

📖 📖 📖 NOTES 📖 📖 📖
Lahe et Sazonov présentaient en 2018 dans les Nouvelles d’Assyriologie Brèves et Utilitaires (NABU) un passage en revue des théories sur le traité entre Shattiwaza et Shuppiliuluma On y affirmait que malgré l’insistance de tout le monde à y voir la première apparition de Mitra, certains chercheurs (Beckmann et Wilhelm) avaient traduits « Mitrasshil » par « Mitra-gods », au pluriel remarquant que le sigle indiquant la divinité était en fait pluriel. Cela ne signifierait donc pas Mitra, mais « les dieux du traité ». Cependant la séquence Mitra-Varuna-Indra-Nasatya nous semble simplement trop analogue aux séquences de dieux védiques que nous mentionnons pour ne pas voir dans Mitrasshil un simple analogue du dieu Mitra, hypothèse bien plus parcimonieuse. Cf. Jaan LAHE et Vladimir SAZONOV, « Some Notes on the First Mention of Mitra in CTH 51 », NABU 1, mars 2018, pp. 22-25. [PDF]

RQRF Hors-Série 7 : Kaamelott (Livres I à IV)

Fin juillet devait voir arriver dans les salles obscures Kaamelott, premier volet, début d’une conclusion cinématographique longtemps attendue par les fans de la série. Pandémie et confinement ont repoussé l’échéance à fin novembre, mais qu’importe! Lays et Antoine ont décidé de consacrer leurs émissions estivales à revisiter les 6 saisons (ou plutôt les VI livres…) de Kaamelott, histoire que vous soyez fins prêt·e·s à retrouver l’univers de ce qui est sans doute l’œuvre Arthurienne francophone la plus influente de ces quarante dernières années.

Pour aborder les quatre premiers livres de la série, ils sont rejoint par deux invités de choc: Justine Breton (de nos Hors-séries précédents : HS2HS3) et Florian Besson, tous deux chercheurs et co-directeurs de l’ouvrage Kaamelott, un livre d’histoire. Ensemble, elle et ils dissèquent la genèse de la série, son succès et les ressorts qui animent son interprétation très particulière de la matière de Bretagne…

RQRF Hors-Série 7 : Kaamelott, livres I à IV (juillet 2020)

Musique

Benjamin Britten (1913-1976)
Suite from King Arthur (Arr. Hindmarsh): I. Overture (Générique)
Richard Hickox & BBC Philarmonic Orchestra

The Longest Johns
Ashes
Cures What Ails Ya

Thoinot Arbeau (1520-1595)
Belle qui tiens ma vie
Jordi Savall, Hespèrion XXI & La Capella Reial de Catalunya

Jacques Offenbach (1819-1880)
La Belle Hélène: Acte II – Entr’acte
Marc Minkowski & l’Orchestre de l’Opéra de Lyon

CPS : La Comparaison en Histoire des Religions

Tentative de nouveau format, pour réagir à quelques commentaires récents, sur la comparaison en histoire des religions, et différentes manières d’expliquer des similarités.

SOMMAIRE
00:00 Introduction
10:42 La Genèse vs. Enki et Ninhursag
23:30 Autres arbres : Huluppu et Yggdrasil
32:46 Trois modes d'explication des similarités
42:43 "Biais de catalogue" (cherche meilleur nom)
53:00 Pour aller plus loin, conclusion, prochains sujets

QUELQUES LIENS :

Les Origines de Satan 1 : Le Serpent

Complexe personnage que celui du Diable, de Satan, du Démon… Pour démêler son histoire, pourquoi ne pas commencer par le Serpent de la Genèse, qui tenta Adam et Ève et les fit chuter ? Quels liens entretient-il avec d’autres mythologies ?

📖 📖 📖 SOMMAIRE 📖 📖 📖
 🐍 INTRODUCTION
0:00:00 Prologue et introduction
0:02:32 Générique et carte-titre
 🐍 LA SYMBOLIQUE DU SERPENT ?
0:03:33 Le Serpent dans le récit de la Genèse
0:08:00 Le rôle du Serpent ? Satan ou juste un animal ?
0:10:00 Parallèles folkloriques : un trickster ?
0:12:30 Symbolique du serpent au Proche-Orient
 🐍 RACINES MYTHOLOGIQUES DE LA GENÈSE ?
0:18:15 Mythologie néolithique ? (Joseph Campbell)
0:19:49 Parallèles mésopotamiens (et exagérations)
0:23:27 Pandore et Ève : lien à la mythologie grecque ?
0:26:30 Prométhée créant les hommes à partir d'argile
0:28:20 Un serpent grec sur un arbre : Ladon
 🐍 UN LIEN AUX MYTHES DU PROCHE-ORIENT ?
0:29:05 Adam, Ève, le Serpent, des dieux recyclés ?
0:31:25 Le Mythe d'Adapa
0:32:54 Un mythe ougaritique reconstitué (KTU 1.100 et 1.107)
 🐍 CONCLUSION
0:36:36 Types et Anti-Types
0:40:25 Le serpent tentateur : plus original qu'on croirait…
 🐍 POUR ALLER PLUS LOIN
0:43:50 Caveats et incertitudes sur la vidéo
0:46:00 Recommandations de livres, podcasts et de vidéos
0:48:02 Pour aller plus bible
0:56:53 Musique finale 

📖 📖 📖 POUR ALLER PLUS LOIN : 📖 📖 📖
🐍 Texte de l’épisode, avec notes et bibliographie (Google Docs)
🐍 Version Web (ibid)

🐍 Cours de Thomas Römer sur la Bible, à voir/télécharger en audio/vidéo.
🐍 Le podcast (en anglais) de Philip Harland.

📖 📖 NOS AUTRES VIDÉOS MENTIONNÉES : 📖 📖
🐍 Conférence sur le type de conte ATU 330 :

🐍 Sur le culte d’Attis et Cybèle :

🐍 Sur Crash Course Mythology (en anglais) :

Et voir la suite de la série, 2. L’Ange Déchu :

🎼🎶🎶 MUSIQUE 🎼🎶🎶
🎼 Générique : « Le Hippie Electrique » par David TMX
🎼 Intertitres : « Euphrates » par Patricia Taxxon.
🎶 Sa chaîne Youtube.
🎶 Sa page Bandcamp.

RQRF 31 : Le Lanzelet d’Ulrich von Zatzikhoven et la tradition allemande

Antoine et Lays se sont surtout concentrés sur les oeuvres françaises, mais la légende arthurienne a très vite été traduite dans d’autres langues, et dans cet épisode, enregistré à distance de par les circonstances, on discute un peu plus des productions d’Outre-Rhin.

Après quelques mots sur Hartmann von Aue, qui avec ses Erec et Iwein fut le premier à y adapter les oeuvres de Chrétien de Troyes (RQRF 5-7) avant même le Parzival de Wolfram von Eschenbach (RQRF 20), ils discutent de Wigalois ou le Chevalier à la Roue de Wirnt de Grafenberg, une oeuvre qui commence très proche du Bel Inconnu de Renaud de Beaujeu (RQRF 23), car Wigalois naît de l’union de Gauvain avec une fée.

Le gros morceau de cet épisode sera cependant le Lanzelet de Ulrich von Zatzikhoven, datant du début du treizième siècle, particulièrement intéressant car il nous présente un portrait de Lancelot très différent de celui de Chrétien de Troyes (RQRF 6). Par exemple, il se marie quatre fois (!) sans que sa femme précédente soit ensuite divorcée ou même mentionnée, jusqu’à ce qu’il finisse avec la belle Iblis. D’ailleurs, Guenièvre est bien enlevée dans ce roman, une tradition qu’on trouvait déjà dans d’anciennes vies de saints, mais Lanzelet n’est pas dans une relation amoureuse avec elle, et ne participe pas tant à sa rescousse. Par ailleurs, on y retrouve déjà le début du Lancelot en Prose (RQRF 15) qui n’était pas chez Chrétien : le royaume du père de Lanzelet est ravagé par une révolte de ses barons, et l’enfant est recueilli par une fée sous-marine. Tout cela laisse penser qu’on a là une trace de la tradition originelle de l’histoire de Lancelot, qui a pu influencer aussi bien les cycles en prose qu’Ulrich, mais que Chrétien aurait laissé de côté pour raconter son histoire d’amour courtois.

Rex Quondam Rexque Futurus 31 : Le Lanzelet d’Ulrich von Zatzikhoven et la tradition allemande (avril 2020)

Comme le souligne Danielle Buschinger, on remarque cependant que ce roman tient tout du « patchwork », une « recréation » post-classique, qui enchaîne des motifs connus sans toujours leur donner le poids requis : un test de vertu grâce à un manteau qui change de forme (comme dans le Lai du Mantel, RQRF 25) ; une femme changée en dragon et qui doit être libérée par un baiser (comme dans le Bel Inconnu)… Dans ces péripéties colorées, Lanzelet « ne traverse jamais de crise », les épreuves l’effleurent sans le bousculer. Mais le merveilleux allemand y prend aussi une saveur différente, le roman invoque la magie avec un peu moins de timidité : Arthur ira ainsi demander son aide à l’enchanteur Malduc pour récupérer Guenièvre, et quand en échange il aura fait Erec et Gauvain (ou Walwein) prisonniers, on s’aidera d’Esealt le Long, un géant qui grandit d’un empan tous les mois, pour assaillir le château du sorcier. Loin du cœur contrarié du Lancelot français, l’adultère par excellence, déchiré par son amour pour sa reine, ce Lanzelet nous montre cependant une autre tradition, une variation intéressante, aidé en ça par un vrai goût pour la féerie.

Musique

Benjamin Britten (1913-1976)
Suite from King Arthur (Arr. Hindmarsh): I. Overture (Générique)
Richard Hickox & BBC Philarmonic Orchestra

Neidhart von Reuental (première moitié du XIIIème siècle)
Owê dirre nôt
Drew Minter (contre-ténor) & Mary Springfels (viole de gambe)

Richard Rodgers (1902–1979) et  Oscar Hammerstein II (1895–1960)
Oklahoma!: I Cain’t Say No
Ali Stroker

Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791)
Don Giovanni K. 527: Ouverture
John Eliot Gardiner & The English Baroque Soloists

RQRF 30 : Gliglois et L’Âtre Périlleux

Suivant Chrétien de Troyes, les romans arthuriens du XIIIe siècle ont souvent soit Gauvain pour héros — comme dans La Mule sans frein ou Le Chevalier à l’Épée (RQRF 19) — soit lui font partager la vedette avec un autre chevalier, privilégié par le romancier —comme dans Méraugis de Portlesguez (RQRF 26). Dans cet épisode, Antoine et Lays en examinent deux.

Rex Quondam Rexque Futurus 30 : Gliglois et L’Âtre Périlleux (mars 2020)

Dans le court roman de Gliglois, on voit une dame très belle, logiquement nommée, Beauté, repousser l’amour de Gauvain, comme celui de Gliglois, jeune chevalier de son équipage qui est aussi tombé amoureux d’elle. Elle semble le honnir et le tourmenter, mais c’est en fait une épreuve pour tester son amour… À la fin, Gauvain bénira tout de même leur union.

Dans L’Âtre Périlleux, par contre, Gauvain est pleinement le héros, et s’il n’a pas lui-même d’intrigue amoureuse dans cette histoire, il réunit à la fin la plupart des chevaliers qu’il croise à la dame de leur désirs (en forçant même l’un d’entre eux à lui rester fidèle). Tout commence quand Escanor de la Montagne le déshonore en enlevant une dame qui s’était mise au service de la cour d’Arthur. Il le pourchasse, mais croise des dames qui se lamentent autour d’un écuyer, les yeux crevés, qui affirme avoir vu Gauvain être démembré. En réalité c’est seulement un chevalier qui portait des armes similaires aux siennes, tué et dépecé par l’Orgueilleux Faé et Gomeret le Desréé (déréglé ou démesuré), jaloux que les dames qu’ils convoitent leur préfèrent Gauvain et Perceval. Cependant, à cause de cela, il semble que Gauvain perde son nom, et ne se nommera plus que Le Chevalier Sans Nom, jusqu’à ce qu’il ait percé à jour ce qui s’est produit…

En chemin, il libère une dame prisonnière d’une tombe dans un cimetière maudit (ledit Âtre Périlleux) et dont un démon abuse chaque nuit. On y apprend que la mère de Gauvain, une fée, avait prophétisé qu’Escanor était le seul chevalier qu’elle n’était pas sûre que Gauvain puisse vaincre. Signe de sa puissance, suivant le moment de la journée, la force d’Escanor se démultiplie, un trait généralement attribué à Gauvain lui-même. Dans cette quête pour rencontrer celui qui pourrait mettre fin à ses jours et récupérer son nom en prouvant qu’il est bien vivant, Gauvain devra aussi défaire le sadique roi de la Rouge Cité, croisera des noms familiers comme Espinogrès ou Raguidel de l’Angarde, et aidera Cadret dont la bien-aimée a été promise à un autre contre son gré. Privé de son nom, Gauvain est ici pleinement « l’idole inconnue » (pour reprendre le titre du livre de Stoyan Atanassov) : tout le monde l’invoque et connaît ses exploits, mais on ne le reconnaît pas.

Musique

Benjamin Britten (1913-1976)
Suite from King Arthur (Arr. Hindmarsh): I. Overture (Générique)
Richard Hickox & BBC Philarmonic Orchestra

Archie Fisher
The Witch of the West-Mer-Lands
The Man With a Rhyme

Franz Liszt (1811-1886)
Eine Faust-Symphonie in drei Charakterbildern, S. 108 : 3. Mephistopheles
Leonard Bernstein & Boston Symphony Orchestra

CPS #17 LIVE : Un conte vieux de 6500 ans ? Le Forgeron et le Diable

Une étude de 2016 prétend pouvoir, grâce à des méthodes inspirées de la biologie, évaluer l’ancienneté des contes populaires, et un type de conte en particulier, Le Forgeron et le Diable (ATU 330) remonterait aux proto-Indo-Européens. Mais est-ce si simple ?

Une conférence donnée le 4 décembre 2019 à l’université de Lausanne.

ERRATUM à 31:30 : comme pointé par Yves22, le Scots n’est pas, contrairement à ce que dit Lays, le gaélique écossais, mais une langue germanique parlée en Écosse ayant gardé certains traits archaïques. Les auteurs font probablement la confusion eux-mêmes puisqu’ils le classent dans les langues celtiques.

🔨 L’étude discutée : Sara Graça da Silva et Jamshid J. Tehrani, « Comparative phylogenetic analyses uncover the ancient roots of Indo-European folktales » 3R. Soc. open sci. (2016)

🔨 La chaîne de Dynamythes, qui présente de la mythologie comparée suivant Dumézil et Bernard Sergent.

🔨 Sources et références dans le texte de la présentation.

🔨 Diapositives.

RQRF 29 : Le Roman de Fergus et le Roman du Roi Yder

Pour la reprise de 2020, Lays et Antoine examinent deux romans isolés du XIIIe siècle qui, en marge de la tradition des grands cycles en prose de Robert de Boron (RQRF 9-10), de la Vulgate (RQRF 15-18), du Tristan en Prose (RQRF 24) ou de la post-Vulgate (RQRF 27-28) se concentrent, comme le faisait Chrétien de Troyes, sur l’aventure d’un chevalier, dans une forme versifiée.

Rex Quondam Rexque Futurus 29 : Fergus et le Roman du Roi Yder (janvier 2020)

Dans le Roman de Fergus, aussi appelé Le Chevalier à l’Escu, Fergus est peut-être inspiré d’un personnage historique mais son histoire reprend surtout celle du Perceval de Chrétien (RQRF 7). Occupé à travailler la terre, Fergus voit passer un cortège de chevaliers du Roi Arthur qui revient de la chasse. Il veut immédiatement les rejoindre et abandonne sa charrue sur place. Alors que son père, un vilain, un roturier, voudrait le battre car il abandonne ses devoirs, sa mère, de plus noble extraction, soutient son ambition. On déterre une armure complètement rouillée d’un coffre, et le voilà parti à l’aventure… Comme Perceval, Keu le met à l’épreuve, en rigolant, de vaincre un ennemi redouté d’Arthur, ici le Chevalier Noir.

Une fois adoubé, il rencontre en chemin Galienne, la nièce du châtelain de Liddel, mais ne peut lui retourner son amour, avant d’avoir achevé sa quête. Il vainc le Chevalier Noir sans problèmes, mais quand il revient, Galienne a disparu… Après un an d’errance, il apprend que pour la retrouver il ferait mieux d’obtenir d’abord un écu projetant une lumière merveilleuse, gardé à Dunnottar par une vieille géante monstrueuse armée d’une faux, et par un dragon. Il apprend ensuite que Galienne est la nouvelle reine de Lothian mais qu’elle est assiégée à Roxburgh. Elle avait demandé de l’aide à la cour d’Arthur mais tous ses chevaliers étaient loin, cherchant Fergus. Fergus parviendra à vaincre les assaillants mais il disparaît ensuite, et Arthur devra organiser un tournoi pour qu’il refasse surface et puisse épouser Galienne, devanant roi de Lothian.

Le Roman du Roi Yder (Romanz du reis Yder) place sur le devant de la scène un très vieux personnage mais qui avait souvent un rôle très secondaire. Il apparaît ainsi sur l’archivolte de la Porta della Pescheria de la Cathédrale de Modène (~1120-1140) comme « Isdernus ». Yder était déjà mentionné par Cullwch ac Olwen (RQRF 2), peut-être notre trace la plus archaïque de récits arthuriens gallois, même s’il ne jouait pas de grand rôle dans l’histoire. Il faisait aussi une apparition chez Geoffrey de Monmouth (RQRF 3) et Wace (RQRF 4), dans le Lai du Court Mantel (RQRF 25), et, au début d’Erec et Enide de Chrétien de Troyes (RQRF 5), c’est lui qui outrageait Guenièvre quand son nain fouettait une de ses suivantes. Une histoire qui lui est régulièrement associée, et c’est le cas dans ce roman aussi, est d’avoir vaincu un ours en combat, ainsi dans la Folie Tristan de Berne (RQRF 13) ou dans La Vengeance Raguidel, où il venait aider Gauvain en battant l’ours du cruel Guingasoin. (RQRF 26)

Environ mille vers manquent au début du seul manuscrit connu, mais on peut assez facilement reconstituer le début de l’histoire. Yder ne connaît pas son père, qui avait seulement laissé à sa mère la moitié d’un anneau. À 17 ans il part à sa recherche. En chemin il tombe amoureux de la reine Guenloïe, qui ne veut apparemment pas s’engager dans une relation sans connaître son ascendance ou avant qu’il ait fait ses preuves. Yder sauve le Roi Arthur d’une mauvaise passe, mais celui-ci oublie de le remercier et manque à sa parole. Yder, déçu, va donc aider un des vassaux qu’Arthur assiège. Devant ses prouesses, Arthur finit par l’inviter à contre-coeur à la cour. Quand un ours fait irruption dans les appartements de Guenièvre, Yder arrive à le repousser, suscitant encore plus d’admiration, mais aussi une profonde jalousie de la part d’Arthur, qui commence à croire que Guenièvre l’aime. Au cours de ses aventures, Yder retrouve son père Nuc, « duc d’Allemagne ». Le portrait d’Arthur, déjà négatif, devient franchement maléfique quand, pour se débarrasser d’Yder, il l’emmène dans une expédition pour combattre des géants, où il espère qu’il mourra, et où Keu (qui avait déjà tenté de le tuer) finit par l’empoisonner. Heureusement, Yder survit, revient épouser Guenloïe, et est couronné roi par Arthur, qui ne le perçoit peut-être plus comme une menace maintenant qu’il est marié.

On reconnaît les motifs typiques de l’aventure chevaleresque immortalisés par chrétien et qu’on a déjà retrouvés dans Le Bel Inconnu (RQRF 23) par exemple : un héros part de chez lui, tombe amoureux d’une châtelaine mais ne peut s’adonner à son amour qu’une fois ses preuves faites, il combat géants et bêtes, sa victoire finale est scellée par un mariage et un couronnement… D’autres parallèles prêtent plus à rire : dans les deux romans on voit quelqu’un se battre avec des volailles en broche ! Sans forcément être parodiques (même s’ils sont parfois décrits comme tels) le burlesque des aventures de Fergus ou la malfaisance presque comique d’Arthur dans ces deux textes poussent en effet assez loin la tendance humoristique du roman de chevalerie.

  • Illustration de l’épisode : archivolte de la Porta della Pescheria de la Cathédrale de Modène. (photographie de Sailko sur Wikimedia Commons (CC BY-SA 4.0)) Réalisé entre 1120 et 1140 environ, c’est une des premières traces datables de la légende arthurienne sur le continent, où l’on peut voir, de gauche à droite, Yder (Isdernus), Arthur (Artus de Bretanni), Durmart ? (Durmaltus), Guenièvre à priori (Winlogee), Caradoc (Carrado), Gauvain (Galvagin), Galvariun (non-identifié, peut-être un double de Gauvain vu le nom) et Keu (Che). Au sujet de cette sculpture arthurienne, et d’autres, voir l’article de Stiennon et Lejeune dans les Cahiers de Civilisation Médiévale. [Note : Lays interprète Yder comme étant le personnage qui se retourne, ce qui serait cohérent avec le placement des noms, mais il est fort possible qu’Yder soit en fait celui qui le poursuit, et donc, comme dans le roman, sauve Arthur d’une embuscade !]
  • Sources, liens, résumés.
  • Annexe : Tableau de romans arthuriens isolés (qui ne sont pas compris dans un cycle)
  • [Addendum, 2023 :] La traduction Lemaire du Roman du Roi Yder fait désormais partie de l’anthologie Les Chevaliers de la Table Ronde, avec plein de belles choses, chez Quarto/Gallimard.

Musique

Benjamin Britten (1913-1976)
Suite from King Arthur (Arr. Hindmarsh): I. Overture (Générique)
Richard Hickox & BBC Philarmonic Orchestra

Gaelic Storm
The Bonnie Ship the Diamond
Gaelic Storm

Ludvig van Beethoven (1770-1827)
Egmont, Op. 84 : Overture
Jos van Immerseel & Anima Eterna Brugge