Adaptation du classique Sir Gawain and the Green Knight, discuté dans le dernier épisode (RQRF 37), The Green Knight (2021) de David Lowery, avec Dev Patel dans le rôle de Gauvain, adapte habilement l’essentiel du roman. Dans cet épisode hors-série, Antoine et Lays récapitulent le film et ses choix.
Si vous connaissez le roman, certaines modifications vous maintiendront sur vos gardes en vous faisant vous demander où va l’histoire, sans pour autant attirer l’attention du public qui n’est pas familier avec, renouvelant un peu l’intrigue.
Quelques références bien placées titilleront les férus d’arthuriana et autres médiévistes, les décors nous montrent d’ailleurs les extrémités du Moyen Âge passant de châteaux très archaïques à la cour d’Arthur aux fioritures du XVème siècle, quand on semble pénétrer un royaume un peu féérique.
Les romans français sur Gauvain le montrent généralement en proie à deux problèmes : premièrement, devoir être courtois dans une situation où c’est difficile, comme dans Sir Gawain and the Green Knight, et ensuite confronter sa réputation, qui le précède, thème qui là est davantage souligné dans le film avec un Gauvain inexpérimenté, pas encore chevalier, et empressé de faire ses preuves. Là où il est rajeuni, Arthur est par contre vieilli, le ton change un peu.
Les théories sur le Chevalier Vert, sur sa nature et ce qu’il représente — la Nature, justement — sont astucieusement mêlées au film et soutiennent ainsi les thèmes de l’histoire, l’échange de baisers et de proies, le Chevalier Vert qui rend le coup de hache qu’il a reçu, font ainsi écho au grand Do ut des (« donne et je te donne », « donnant-donnant ») qui règle nos relations avec la Nature : on frappe et elle nous frappe, on prend et elle nous prend. « Est-ce donc tout ce qu’il y a ? » demande le héros.
Un beau film, contemplatif et garni de belles images — mais qui sacrifie un peu la cinéma en tant que tel à la photographie, comme on le remarque souvent aujourd’hui ? — qui adapte astucieusement un classique — mais avec parfois un peu trop d’astuce pour son propre bien ?.. À chacun d’en juger.