RQRF 18 : Lancelot-Graal (4/4) : Estoire del St Graal & Suite-Vulgate (~1235?)

Dans le deuxième quart du XIIIème siècle, la trilogie formée par le Lancelot (RQRF 15), La Queste del Saint-Graal (RQRF 16) et La Mort le Roi Artu (RQRF 17) se voit adjoindre deux autres récits: L’Estoire del Saint Graal, et L’Estoire de Merlin, véritables « préquelles » au cycle du Lancelot-Graal.

Rex Quondam Rexque Futurus 18 : Estoire del Saint Graal, Suite-Vulgate (octobre 2018)

Si L’Estoire del Saint Graal reprend la trame de base du Joseph d’Arimathie en prose (RQRF 9), suivant le parcours de Joseph d’Arimathie et du Graal de Jérusalem jusqu’en Bretagne, l’ajout d’éléments introduits dans La Queste del Saint-Graal, comme le baptême du roi Mordrain et de son sénéchal Nascien, résulte en un récit très différent, rythmé par des batailles, des aventures merveilleuses et des conversions miraculeuses de rois païens.

L’Estoire de Merlin, au contraire, reprend le récit du premier Merlin en prose (RQRF 10), n’y faisant que quelques adaptations pour faciliter son intégration dans le cycle. La version cyclique du Merlin se distingue en fait surtout par le fait qu’elle ajoute au roman original une continuation, couramment désignée sous le nom de Suite-Vulgate du Merlin, qui raconte les premières années du règne d’Arthur, là où le premier Merlin s’achevait sur son sacre. Devant faire face à une rébellion de ses principaux vassaux, à une invasion saxonne, et aux ravages du roi Rion de la Terre aux Riches Pâtures en Carmélide, Arthur va bénéficier non seulement de l’aide de Merlin, mais aussi des rois Ban de Bénoïc, père de Lancelot, et Bohort de Gaunes, père de Bohort et Lionel. S’inspirant en effet très largement du Lancelot, la Suite-Vulgate va ainsi explorer les origines des protagonistes du cycle, racontant pêle-mêle le mariage d’Arthur et Guenièvre, les conceptions de Mordred, de la Fausse Guenièvre et d’Hector des Mares, l’arrivée à la cour d’Arthur de Gauvain et de ses frères, ou encore la création de la Carole Enchantée, tout en y ajoutant une forte inspiration du Roman de Brut de Wace (RQRF 4), reprenant ainsi l’expédition menée par Arthur et ses alliés sur le continent contre l’empereur Lucius de Rome. La Suite-Vulgate, rythmée par les aventures et prophéties de Merlin, doit s’achever sur sa disparition, puisqu’il est absent du reste du Lancelot-Graal: ce sera le fait de son élève Niniane qui l’emprisonnera dans une prison d’air par un sort qu’il lui aura enseigné…

Image : Arthur ceint Gauvain d’Escalibor après l’avoir adoubé. (Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 147 f. 193r)

RQRF 17 : Lancelot-Graal (3/4) : La Mort le Roi Artu (~1230?)

La Mort le Roi Artu conclut le cycle du Lancelot-Graal, en traquant tous ses personnages jusqu’à la mort. Comme dans la tradition des chroniques illustrées par Geoffrey de Monmouth (RQRF 3) et ses continuateurs tels que Wace (RQRF 4), Arthur apprend lors d’une campagne sur le continent que Mordred l’a trahi et revendique la reine et la couronne pour lui, puis il revient confronter son neveu en Bretagne, mais ils s’y entretuent, tout comme leurs forces respectives. Cette fois-ci, cependant, c’est son conflit avec Lancelot qui avait amené le roi en Gaule. En effet, après la découverte de la relation adultère entre Lancelot et Guenièvre (qui a repris après l’interruption de la Queste), Lancelot secourt Guenièvre du bûcher en tuant malencontreusement Agravain, Guéhériet et Gaheret, fils du roi Lot, il est pourchassé par Gauvain, leur frère, et Arthur, leur oncle. En outre, Mordred, s’il reste le fils de sa sœur et le frère de Gauvain, devient dans le Lancelot-Graal le propre fils incestueux d’Arthur, rehaussant encore la perversion de cet usurpateur.

Contrairement à la structure des aventures entremêlée du Lancelot Propre (RQRF 15) ou aux interruptions allégoriques de La Queste del Saint Graal (RQRF 16), La Mort le Roi Artu montre dans une longue chaîne d’événements le déploiement des engrenages de la vengeance dans un monde débarrassé des enchantements merveilleux ou des manifestations de Dieu. C’est un conflit profondément mondain, profondément humain, qui déchire Guenièvre, Lancelot et Arthur. La Roue de la Fortune tourne pour cette parenthèse arthurienne, et les personnages n’y discernent la main de Dieu qu’avec incertitude, quand ce crépuscule vient clore cette parenthèse tour à tour courtoise et sainte que fut la cour du grand Roi Arthur. Est-ce bien elle qui saisit Excalibur avant de l’engloutir dans les flots ?

Rex Quondam Rexque Futurus 17 : La Mort le Roi Artu (septembre 2018)

Image : une main saisit Excalibur après que Girflet l’a lancée dans l’eau sur ordre d’Arthur. (British Library Ms. Additional 10294 f. 94)

RQRF 16 : Lancelot-Graal (2/4) : La Queste del Saint Graal (~1225?)

Dans La Queste del Saint Graal (~1225) qui fait suite au Lancelot Propre (discuté dans l’épisode précédent), on voit enfin entrer en scène Galaad, le « Bon Chevalier », le fils parfait et très christique que Lancelot eut malgré lui avec la fille du Roi Pellès. Destiné à mettre fin aux aventures de la Bretagne et à achever les mystères du Graal, il surpasse en tout le reste de la Table Ronde. Perceval n’est donc plus le seul héros du Graal, même si sa virginité lui vaut d’accomplir cette quête avec Galaad et Bohort, qui est presque aussi chaste.

Le roman est une condamnation sans appel de la chevalerie « terrestre » et des vanités que sont les tournois, les exploits guerriers ou l’amour courtois. Gauvain échoue à conquérir le Graal de par son orgueil et sa violence, tandis que c’est le péché de son adultère avec Guenièvre qui empêche Lancelot d’accéder à ses mystères. Face à eux, la foi des chevaliers « celestiels » que sont Galaad, Bohort et Perceval est mise à l’épreuve avec succès : grâce aux ermites qu’ils rencontrent ils comprennent le sens chrétien de leurs étranges aventures.

Connectant même l’Ancien Testament, les trois héros sont emportés par une nef construite par le Roi Salomon lui-même, et assistent au service du Graal à Corbenic avant qu’il soit transporté à Sarras. Mais quand Galaad peut contempler ses secrets face-à-face, c’est trop pour un mortel…

Rompant avec une tradition de glorification de la classe militaire, le christianisme fervent de ce puissant roman est plus friand d’interprétations symboliques que de batailles, recommandant aux guerriers un ascétisme et même un pacifisme presque sans exceptions. Mettant en perspective les Quêtes du Graal précédentes et influençant pour toujours la suite du mythos arthurien, c’est un des chefs d’oeuvre de la littérature médiévale.

Rex Quondam Rexque Futurus 16 : La Queste del Saint Graal (Août 2018)

RQRF 15 : Lancelot-Graal (1/4) : Le Lancelot Propre (1215-1220?)

L’été arrive, et avec lui le plus gros morceau abordé par Rex Quondam Rexque Futurus jusqu’ici: le Lancelot-Graal, aussi connu sous le nom de Cycle de la Vulgate, le grand cycle en prose arthurien de la première moitié du XIIIème siècle. Au cours de cette série de quatre émissions, Lays et Antoine vont aborder tour à tour chacun des romans qui le constituent, à commencer par le plus ancien des cinq: le Lancelot propre.

Consacré aux aventures de Lancelot du Lac, le roman s’ouvre sur sa naissance, la mort de son père Ban de Bénoïc, et son éducation dans le palais aquatique de la Dame du Lac. Après sa rencontre avec la reine Guenièvre, dont il tombe amoureux, il se lance dans une suite d’aventures impliquant nombre de chevaliers de la Table Ronde, et qui le verra devenir l’ami inséparable de Galehaut, seigneur des Îles Lointaines, déjouer le complot de la Fausse Guenièvre, vaincre le maléfique Méléagant, et échapper aux griffes de l’enchanteresse Morgane. Après bien des péripéties, le long récit se referme avec son échec au Château du Graal, où, avec Elaine, la fille du Roi Pêcheur, il concevra toutefois Galaad, destiné à devenir le héros de La Queste del Saint Graal.

Rex Quondam Rexque Futurus 15 : Lancelot-Graal (1/4) – Lancelot Propre (juillet 2018)

RQRF 14 : Les lais de Marie de France

Lays et Antoine font ce ce mois-ci un petit écart aux légendes arthuriennes, en se penchant sur les Lais de Marie de France, une autrice très mal connue dont on sait seulement qu’elle écrivait en français dans la seconde moitié du XIIe siècle, sans doute à la cour du roi d’Angleterre Henri II Plantagenêt. Si deux de ses récits – Lanval et Chevrefoil – font figurer en bonne place des chevaliers de la cour d’Arthur, la plupart d’entre eux sont situés dans une temporalité plus vague, même si tous sont solidement ancré dans le monde celte, et plus particulièrement en Bretagne continentale.

Récits courts – entre 120 et 1200 vers– les lais bretons mettent essentiellement en avant des relations amoureuses, qu’elles soient heureuses ou tragiques, nimbées d’héroïsme ou de fantastique. Ils se caractérisent aussi par un discours constant sur l’origine et la transmission de leurs textes, allant parfois jusqu’à remettre en question leur propre titre – Eliduc étant ainsi corrigé en Guildeluec et Guilliadon, par exemple.  Si leur postérité directe sera bien moindre que celle des romans, leurs thèmes, leur poésie, et leur connection avec les origines celtes de la Matière de Bretagne en feront des influences certaines sur son développement ultérieur, que ce soit en français ou en anglais.

Rex Quondam Rexque Futurus 14 : Les lais de Marie de France (avril 2018)

RQRF 13 : Premières romances françaises de Tristan et Yseult

Petit retour en arrière pour Lays et Antoine, qui reviennent cette semaine au XIIe siècle pour aborder un pan important mais originellement distinct de la Matière de Bretagne: l’histoire de Tristan et Iseult.

Rex Quondam Rexque Futurus 13 : Romans français de Tristan et Yseult (avril 2018)
  • 0:00:00 – Extraits et générique
  • 0:02:25 – Introduction
  • 0:04:15 – Versions de Tristan et Iseult
  • 0:11:00 – Premières traces de la légende et textes parallèles
  • 0:19:00 – Synthèse de la légende originelle
  • 0:33:00 – Editions des textes utilisées
  • 0.37:50 – Intermède musical 1: Extrait de Tristan und Isolde, prélude de l’acte 1 – Daniel Barenboim & Berliner Philarmoniker
  • 0:39:30 – Le Tristan de Béroul
  • 1:05:39 – Intermède musical 2: Extrait de Tristan und Isolde, prélude de l’acte 1 – Daniel Barenboim & Berliner Philarmoniker
  • 1:07:40 – Le Tristan de Thomas de Bretagne
  • 1:46:00 – Intermède musical 3: Extrait de Tristan und Isolde, prélude de l’acte 1 – Daniel Barenboim & Berliner Philarmoniker
  • 1:47:00 – Les Folies Tristan de Berne et Oxford
  • 2:00:00 – Conclusion
  • 2:03:30 – Musique finale: Extrait de Tristan und Isolde, prélude de l’acte 1 – Daniel Barenboim & Berliner Philarmoniker

Si les deux amants légendaires trouvent probablement leur source dans des légendes galloises et corniques du haut Moyen Âge, c’est en effet avec les poètes Béroul et Thomas, contemporains de Chrétien de Troyes, que la légende apparaît dans la littérature, déjà associée au Roi Arthur.

Le Tristan de Béroul, roman norman qui représente la branche « commune » de la légende, nous est connu par un manuscrit unique et fragmentaire. Il nous raconte la découverte de la relation des deux amants par le Roi Marc, mari d’Iseult et oncle de Tristan, ainsi que leur fuite, leur vie sauvage, et finalement leur retour à la cour de Tintagel.

Le Tristan de Thomas, représentant la tradition dite « courtoise » de la légende, est encore plus fragmentaire, et survit sous forme d’épisodes dans une demi-douzaine de manuscrit. Le roman, écrit par le poète anglo-norman Thomas de Bretagne, relate la séparation des amants, le départ de Tristan en Petite Bretagne, son mariage sans amour avec une autre Iseult, sa blessure mortelle et sa mort, suivie de près par la mort de désespoir de sa bien-aimée, venue de Tintagel pour le soigner.

A ces deux textes en vers sont associés deux autres, plus courts: la Folie Tristan de Berne, associée à la version de Béroul, et la Folie Tristan d’Oxford, plus proche de la version de Thomas. Toutes deux racontent avec des variations le même épisode: une visite de Tristan, déguisé en fou, à Iseult, qui ne le reconnait d’abord pas. L’occasion pour les deux amants de se remémorer leur histoire, et pour nous d’en apprendre plus sur les premiers épisodes perdus des récits de Béroul et Thomas…

  • Image :  Tristan et Iseut à la fontaine, épiés par le roi Marc. Détail d’un panneau de coffret en ivoire. Paris, 1340–1350. Musée du Louvre. [en ligne][JPG]

RQRF 12 : Les Trois Romances Galloises et Le Rêve de Rhonabwy

Dans cet épisode, Lays et Antoine reviennent sur des textes gallois plus tardifs que dans l’épisode 2, à commencer par le Rêve de Rhonabwy (Breuddwyd Rhonabwy en gallois) où l’on voit un rêveur du XIIe siècle remonter au temps glorieux du roi Arthur, montrant une certaine distance, voire une certaine ironie, quant aux nombreux personnages listés.

Les « trois romances galloises » au sein des « Mabinogion » sont, par contre, des réécritures des romans de Chrétien de Troyes. Gheraint ac Enid (Gheraint et Enid) suit de très près l’histoire de Erec et Enide (RQRF 5) tout comme Owain neu Iarlles y Ffynnon (Owain ou la Dame de la Fontaine) pour Yvain ou le Chevalier au Lion (RQRF 6), souvent plus condensés et rajoutant des traits typiquement gallois.

Mais on se rappelle surtout du Peredur ab Efrawg (Peredur fils d’Efrawg), qui suit l’histoire de Perceval ou le Conte du Graal (RQRF 7), tout en différant beaucoup dans sa seconde moitié.

Parmi les épisodes inédits, on voit Peredur affronter une série de monstres, refuser un grand nombre de propositions de mariage, être pendant 14 ans l’époux d’une impératrice de Constantinople, et surtout, pas de Graal en vue. Mais à la place, une tête coupée dans un plat…

Rex Quondam Rexque Futurus 12 : Romances galloises et Rêve de Rhonabwy (mars 2018)
  • 0:00:00 – Générique : Lohengrin, ouverture de l’acte 3 – Daniel Barenboim & Staatskapelle Berlin
  • 0:02:20 – Introduction
  • 0:07:20 – Editions des textes utilisées
  • 0:09:42 – Interlude musical 1 : Extrait de Lohengrin, acte 1 – Daniel Barenboim & Staatskapelle Berlin
  • 0:10:10 – Le Rêve de Rhonabwy
  • 0:25:10 – Interlude musical 2 : Extrait de Lohengrin, acte 2 – Daniel Barenboim & Staatskapelle Berlin
  • 0:25:33 – Owain neu Iarlles y Ffynnon : avec encore plus de lion
  • 0:45:15 – Gheraint ac Enid : où Erec (Gheraint) en plus se croit cocu
  • 0:54:50 – Interlude musical 3 : Extrait de Lohengrin, acte 3 – Daniel Barenboim & Staatskapelle Berlin
  • 0:56:20 – Peredur ab Efrawg : un Perceval rendu gallois
  • 1:36:55 – Conclusion
  • 1:38:30 – Musique finale: Extrait de Lohengrin, acte 3 – Daniel Barenboim, Staatskapelle Berlin & Chor der Deutschen Staatsoper Berlin

RQRF 11 : Perlesvaus, ou le Haut Livre du Graal : Perceval Strikes Again

Pour commencer cette nouvelle année de Rex Quondam Rexque Futurus, Lays et Antoine s’attaquent à l’un des romans les plus étranges de la matière de Bretagne: Perlesvaus, ou Le Haut Livre du Graal. Cette oeuvre en prose du XIIIe siècle s’inscrit dans la continuité du Conte du Graal de Chrétien de Troyes (épisode 7) et de l’œuvre de Robert de Boron (épisode 9) tout en imprimant à la suite des aventures du héros du Graal sa propre patte, allant jusqu’à modifier son nom. Particulièrement violent et vindicatif dans sa défense de l’orthodoxie chrétienne, mais aussi très élaboré dans le déroulement de sa trame narrative, le Perlesvaus n’a pas connu le succès du cycle du Lancelot-Graal, mais il reste un récit unique, sans équivalent dans la littérature arthurienne.

Rex Quondam Rexque Futurus 11 : Perlesvaus ou Le Haut Livre du Graal (février 2018)
  • 0:00:00 Extrait et Générique
    • Générique saison 2 : Wagner, Lohengrin par Daniel Barenboim
  • 0:02:20 Introduction
  • 0:06:30 Résumé général
  • 0:16:12 Thèmes et ton du Perlesvaus
  • 0:19:00 Exemples de narration imbriquée
  • 0:27:00 Manuscrits et éditions
  • 0:30:48 Interlude musical 1 : Wagner, Lohengrin, prélude de l’acte 1
  • 0:32:20 Résumé plus détaillé : Prologue
  • 0:35:23 Branche 1 : Le rêve de Cahus et le voyage d’Arthur
  • 0:42:12 Branche 2 : Les dames du char, Gauvain part chercher Perceval
  • 0:43:50 Branche 3 : Aventures de Gauvain, sursis gagné pour la Veuve Dame
  • 0:46:12 Branche 4 : Marin le Jaloux, Chevalier Couard et Proto-Guillotine
  • 0:49:49 Branche 5 : Méliot, début de la Quête de l’épée qui tua Jean-Baptiste
  • 0:53:20 Branche 6 : Échec de Gauvain face au Graal, entrée de Lancelot
  • 1:05:10 Interlude musical 2 : Wagner, Lohengrin, prélude de l’acte 1
  • 1:07:46 Branche 7 : Retour de Perceval, diverses aventures
  • 1:10:20 Branche 8 : Perceval vainqueur Seigneur des Marais
  • 1:30:19 Branche 9 :  Perceval reprend le Château du Graal
  • 1:43:00 Branche 10 : Le royaume d’Arthur en guerre, Lancelot trahi
  • 1:48:54 Branche 11 : Dernières victoires de Perceval
  • 1:53:20 Conclusion
  • 2:03:22 Interlude musical final (Ibid.) & réclames Radiokawa

RQRF 10 : Robert de Boron (2/2) : De Myrddin au Merlin en Prose

Avant d’attaquer le Merlin en prose et son fragment en vers, rattachés à Robert de Boron, Antoine et Lays font deux pas en arrière pour montrer le développement du personnage de Merlin.

RQRF 10 : Robert de Boron (2/2) : De Myrddin au Merlin en Prose (décembre 2017)
  • 00:00:00 Extraits et générique
  • 00:01:53 Introduction
  • 00:04:14 Le Myrddin Gallois (Annales CambriaeLivre Noir de Carmarthen, etc.)
  • 00:26:30 Musique : Purcell, King Arthur.
  • 00:27:00 Merlin dans l’Historia Regum Britanniae (c. 1136) de Geoffrey
  • 00:33:45 Merlin dans la Vita Merlini (c. 1151) de Geoffrey de Monmouth
  • 01:15:33 Musique : Purcell, King Arthur.
  • 01:16:07 Textes parallèles à la Vita Merlini : Lailoken, Buile Suibhne (c. 1200)
  • 01:28:26 Musique : Purcell, King Arthur.
  • 01:29:20 Le Merlin en prose, attribué à Robert de Boron (c. 1200-1210)
  • 02:14:40 Musique : Purcell, King Arthur.
  • 02:15:23 Merlin en prose, suite et fin : Pendragon, Uther, l’Epée dans l’enclume
  • 02:47:15 Musique : Purcell, King Arthur.
  • 02:47:50 La proto-Mort Arthur » qui conclut le Perceval en Prose.
  • 03:09:00 Musique : Lo-Fi Is Sci-Fi, Behold! The New Design.
  • 03:13:08 Réclames Radiokawa

A commencer par les poèmes gallois du Livre Noir de Carmarthen (copié en 1250) tels que Yr Oianau (les salutations) et Yr Affalenau (les pommiers) et quelques autres poèmes de manuscrits plus tardifs comme Cyfoesi Myrddin a Gwenddydd ei Chwaer (Dialogue de Myrddin et Gwenddydd, sa soeur), Gwasgwargedd Myrddin yn y Bedd (Chant de séparation de Myrddin à la tombe) et Peiran Faban/Vaban (Le garçon commandant). Lays et Antoine tentent de mettre en contexte l’histoire de ce Myrddin (prononcer Meurthinn, avec un th anglais comme dans father) dans cette tradition littéraire dont on évoquait les problèmes dans l’épisode 2. Il s’agirait là d’un barde qui s’est enfui après une bataille, devenant fou, et qui énonce son passé glorieux avant ses décennies d’exil dans la forêt, où il prophétise sur l’avenir de la Bretagne.

Le personnage du garçon sans père nommé Ambrosius chez Nennius (voir RQRF 1) et qui révélait à Vortigern les deux dragons sous la tour qu’il essayait de construire, sera combiné à ce Myrddin gallois par Geoffrey de Monmouth autour de 1136 dans son Historia Regum Britanniae (voir RQRF 3) pour créer le personnage de Merlin, et il semble s’y être tant attaché qu’il lui consacra même une Vita Merlini (c. 1151), une vie de Merlin, qui est malheureusement moins lue, mais où l’on voit ce Merlinus sauvage vivre dans les bois et prophétiser. Cet homme sauvage trouve des parallèles dans un manuscrit de la vie de Saint Kentigern qui mentionne un Lailoken très « merlinique » et un texte irlandais, Buile Suibhne (c. 1200) ou Folie de Suibhne (= Sweeney)

Enfin, au terme de ce (long) parcours, on attaque enfin le Merlin en Prose, la seconde partie de la « trilogie » de Robert de Boron, précédé par le Joseph, et suivi par le Perceval en Prose, examinés la dernière fois. Merlin est, comme dans l’Historia de Geoffrey, le fils d’un démon, mais sa mère, au lieu de participer enthousiaste à leur relation sans réaliser sa nature démoniaque, elle est violée suite à un moment d’inattention. L’enfant, heureusement précoce, acquiert des démons la faculté de voir le passé et de Dieu, la faculté de voir l’avenir. Il les mettra au service des rois Vortigern, Pandragon et Uther, avant d’aider à la conception d’Arthur, puis, alors que la Bretagne est sans roi après la mort d’Uther, Merlin fait apparaître à Noël devant le perron de la cathédrale de Londres, une épée, plantée dans une enclume, sur un bloc de pierre. Et qui la sortira, sera par la grâce de Dieu roi de Bretagne…

Pour finir, on termine cet examen du cycle « boronesque » avec la fin du Perceval en Prose, parfois nommée Mort Artu, car elle intègre la tradition de Geoffrey et Wace (voir RQRF 4) quand à la chute du royaume arthurien.

RQRF 9 : Robert de Boron (1/2) – De Joseph d’Arimathie au Perceval en Prose

A l’orée du XIIIème siècle, un certain Robert de Boron compose le Roman de l’Estoire dou Graal, une oeuvre en vers dans lequel il relate l’origine du Graal, de son rôle dans la Passion du Christ aux mains de Joseph d’Arimathie jusqu’à son arrivée en Bretagne où il sera abrité par le Roi Pêcheur. Ce roman, suivi dans son unique manuscrit par le fragment d’un Roman de Merlind’attribution controversée, va être à l’origine de l’un des premiers grands cycles en prose Arthuriens, une trilogie en prose parfois directement attribuée à Robert de Boron lui-même.

Le Roman, mis en prose sous le titre de Joseph d’Arimathie, est suivi ainsi dans bien des manuscrits d’un Merlin, qui complète les fragments de la version en vers et fait le lien entre les romans arthuriens et les chroniques de Geoffrey de Monmouth et Wace. Le cycle n’est en fait complet que dans deux manuscrits, qui leur ajoutent un Perceval en prose, souvent appelé Didot-Perceval, se terminant avec la chute du royaume d’Arthur telle que relatée par Geoffrey.

Dans cet épisode, Lays et Antoine explorent ainsi l’histoire du Graal chez Robert de Boron et ses prosificateurs de Joseph à Perceval, avant d’aborder leur Merlin et la Mort Arthur du Perceval dans le prochain épisode.

Rex Quondam Rexque Futurus 9 : Robert de Boron (1/2) – De Joseph d’Arimathie au Perceval en Prose