Parallèlement au développement des grands cycles arthuriens centrés sur le Graal, d’autres traditions émergent dans le sillage de Chrétien de Troyes, dont une qui consacre des récits plutôt courts aux aventures de Gauvain, qui, malgré sa grande présence dans le Conte du Graal (RQRF 7), n’a pas été le héros principal de l’une des œuvres de Chrétien. Deux de ces courts romans nous sont parvenus, aux côté du Conte du Graal, dans le manuscrit Cod. 354 de la Burgerbibliothek de Berne: Le Chevalier à l’Épée et La Mule sans Frein.
Le Chevalier à l’Épée voit Gauvain partir à l’aventure lors d’une partie de chasse. Trouvant à se loger chez un chevalier, il va devoir composer avec son hôte capricieux et la fille de celui-ci dans des péripéties qui oscillent entre jeu de séduction et lit périlleux. Étant parvenu à conserver à la fois sa vie et son honneur, il quitte le château pour rejoindre la cour d’Arthur avec sa nouvelle conquête, mais celle-ci l’abandonne pour un autre chevalier, lui laissant ses lévriers pour toute compagnie.
Attribué dans son prologue à un certain Paien de Maisieres – peut-être un double parodique de Chrétien de Troyes – La Mule sans Frein relate comment, un jour de Pentecôte, une mystérieuse demoiselle montée sur une mule sans frein arrive à Cardoël, promettant un baiser au chevalier qui chevauchera la mule pour retrouver sa bride. Keu se lance à l’aventure, mais prend peur avant de traverser un pont périlleux. C’est Gauvain qui bravera les merveilles du château où le frein est gardé, se soumettant à un jeu de décapitation et combattant lions, serpents et chevalier pour ramener son butin à la demoiselle, qui, son baiser accordé, reprendra son chemin…
Image : La fin du texte du Chevalier à la Mule et le début de La Mule sans Frein. (Berne, Burgerbibliothek, Cod. 345 f. 26v)