RQRF 20 : Le Parzival de Wolfram von Eschenbach

Parzival (~1205-1210) est l’une des œuvres les plus influentes de la littérature médiévale allemande. Le chevalier Wolfram von Eschenbach y réécrit le Conte du Graal de Chrétien de Troyes (RQRF 7) en y créant plein de connexions : les aventures de Perceval et Gauvain – devenus Parzival et Gawan en allemand – sont bien plus imbriquées, de nombreux personnages se retrouvent liés au château du Graal à Munsalvaesche, et tout le monde est cousin de tout le monde. Et pour couronner le tout, le Graal n’y est pas un récipient qui a recueilli le sang du Christ, mais une pierre précieuse (« incandescente », si vous le dites) descendue du ciel par les anges restés neutres lors de la guerre entre Lucifer et Dieu. Elle est gardée par une compagnie de « Templiers », de prêtres et de vierges, qui suivent les ordres qui parfois apparaissent dessus.

Au début du roman, Wolfram ajoute les aventures orientales de Gahmuret, le père de Perceval, au service du « Baruc » de Bagdad. Il convole avec Belakane, la reine noire de Zamzamanc, avec qui il aura un fils, Feirefiz, à la peau mêlée de noir et de blanc. Il mariera ensuite Herzeloyde, reine de Galles, avec qui il aura Parzival, avant de retourner mourir vers Bagdad malgré une armure de diamant. Comme chez Chrétien, élevé loin de la chevalerie, Parzival joindra cependant la cour d’Arthur, prendra l’armure du Chevalier Vermeil après l’avoir tué, et échouera à poser la question fatidique au château du Graal. Mais après de nombreuses aventures, un peu de pénitence et des retrouvailles avec son demi-frère Feirefiz, Parzival est appelé par le Graal : il peut devenir roi du Graal et libérer Anfortas de ses souffrances en lui posant la question fatidique : « Œheim, waz wirret dier? » (mon oncle, qu’est-ce qui te navre ?)

Imprégné d’une idéologie guerrière mais aussi de sensualité amoureuse, le Parzival reflète l’importance des croisades lors de son contexte d’écriture, notamment par l’importance donnée aux templiers et les virées orientales de Gahmuret. Mais plutôt que de massacrer les infidèles comme dans le fanatique Perlesvaus (RQRF 11) ou les terrifier par les miracles de Dieu dans l’Estoire del Saint Graal (RQRF 18), il préconise aux païens une conversion inspirée par l’amour, et même par le couple, dans le cas de Belakane et Feirefiz, ses « templiers » arborant d’ailleurs une colombe plutôt qu’une croix. Ce sont finalement les divergences du roman avec le reste de la matière de Bretagne qui en font une œuvre unique et très influente pour la suite de la littérature arthurienne en langue allemande.

Rex Quondam Rexque Futurus 20 : Le Parzival de Wolfram von Eschenbach (décembre 2018)
  • 0:00:00 Extraits et générique
    • INTRODUCTION
  • 0:02:08 Introduction : le Parzival
  • 0:12:25 Wolfram von Eschenbach (c. 1170-1220)
  • 0:18:00 Thèmes : Graal, croisades, amour et religion
    • ÉDITION
  • 0:30:30 Histoire du texte
  • 0:35:00 Editions et traductions
  • 0:42:36 Intermède musical 1
    • RÉSUMÉ
  • 0:44:09 I-II : Aventures Orientales de Gahmuret
  • 1:00:00 III-IV : Education de Perceval
  • 1:10:10 V : Visite à Munsalvaesche, échec face au Graal
  • 1:16:30 VI : Joint la Cour, début de la Quête
  • 1:20:00 VII-VIII : Tournois et aventures de Gauvain
  • 1:30:00 Intermède musical 2
  • 1:31:53 IX : Parzival instruit par l’ermite Trevrizent
  • 1:45:16 X-XIII : Gauvain au Château de la Merveille
  • 2:08:30 XIV : Combat Gauvain vs. Perceval et suites
  • 2:12:20 XV : Retrouvailles avec Feirefiz
  • 2:18:00 XVI : Résolution de la Quête & Épilogue
  • 2:26:53 Intermède musical 3
    • CONCLUSION
  • 2:28:46 Autres notes et conclusion
  • 2:44:48 Musique finale et réclames Radiokawa.

Image : L’épisode des gouttes de sang sur la neige. (Berne, Burgerbibliothek, Cod. AA 91 f. 59v)